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Belle Époque

Isidore Beautrelet et le député Gachon

30 Janvier 2023, 10:00am

Isidore Beautrelet était ravi de la mission que lui avait confié son patron, Charles Brigouleix. Ça le changeait de la couverture des Comices Agricoles à Yvetot, du dernier match de football entre l’équipe de Dieppe et celle de Saint-Valéry-en-Caux ou du meurtre du facteur de Fécamp. Il avait conscience de valoir mieux que ça, Isidore Beautrelet. Il rêvait d’une grande enquête au cours de laquelle il pourrait faire preuve de sa sagacité de son esprit de déduction. Il se sentait de taille à débrouiller cette affaire Brignon.
Entre nous, il avait compris dès le début que cette Odette n’y était pour rien. Il soupçonnait une sombre affaire de pots de vin, ou de trafic d’opium, dans laquelle trempait le contre-espionnage. Pensez, ce Brignon rentrait tout juste de Brazzaville ! Charles lui avait fait remarquer que le pavot se cultivait de préférence dans les pays d’Asie et lui avait conseillé de s’en tenir aux faits. Pas de problème. Il travaillerait de manière professionnelle. Il ne négligerait aucune piste.

Le député Albert Gachon

Charles Brigouleix lui avait écrit un mot à l’attention d’Albert Gachon qui le reçut dans son bureau à l’Assemblée nationale, affalé dans un fauteuil dont la tapisserie était usée. Un homme d’une cinquantaine d’années, rougeaud, bedonnant, cheveux gris, veste et cravate démodées. La caricature du député de province. Isidore se tenait face à lui droit sur sa chaise. Gachon parlait sans qu’on ait besoin de le cuisiner. Il suffisait d’un mot, d’un début de phrase pour le relancer. C’est terrible cette histoire… Et ce procès, qui aurait cru ? Ce jeune avocat a fortune faite… Il a ridiculisé la police. On avait bien besoin de ça… S’il n’y avait pas eu toute cette agitation, ces grèves, c’était un truc à faire tomber le ministère… Et si ce n’est pas un crime passionnel, qu’est-ce que c’est ? Une vengeance ? Un scandale qu’on a voulu étouffer ? On ne le saura sans doute jamais…

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