Prix et salaires pendant les années folles
Un peu d'histoire...
Les prix sont restés relativement stables de 1900 à 1914, si l'on excepte un accident de parcours en 1911. Si l'on prend comme point de référence un indice 100 en 1900, il est à 115 en 1914, soit approximativement une hausse de 1% par an. La guerre se traduit rapidement par une pénurie dans les villes. Malgré une politique de rationnement et de contrôle de prix, ceux-ci se mettent à dériver : +20% en 1915, +11% en 1916, +20% en 1917 et près de 30% en 1918. En quatre ans les prix ont plus que doublé.
La tendance ne se calme pas dans l'immédiat après-guerre. Dans un pays en reconstruction, l'offre reste durablement inférieure à la demande. Les prix continuent de flamber : +22,6% en 1919, +39,6% en 1920 ! Notre indice 100 est passé à 407 en 1920.
En 1921 et 1922, une politique déflationniste et la perspective des réparations payées par l'Allemagne soutient le franc et contient un temps l'inflation. Les prix amorcent une timide descente (-15% en deux ans). Mais les prix repartent à la hausse dès l'année 1923. L'année 1926 est particulièrement mauvaise, avec +32%. En 1930, si l'on se réfère à l'année 1900, les prix ont été multipliés par 6,8. Par rapport à la fin de la guerre, le facteur multiplicatif est de 2,8.
Le manque de main d’œuvre liée aux pertes humaines pendant la guerre permet cependant de soutenir le pouvoir d'achat des ouvriers. Le salaire horaire d'un ouvrier menuisier était de 0,8 F en 1913. Il est de 6,25 F en 1930. En apparence, l'augmentation du salaire horaire compense largement celle du coup de la vie, mais il faut tenir de la réduction du temps de travail à huit heures qui est effective à partir de 1919 (loi du 23 avril 1919). En pratique, et dans un contexte de pénurie de main d’œuvre, les ouvriers font des heures supplémentaires...
Une analyse plus fine du contexte économique amène cependant à prendre en compte l'industrialisation et les progrès techniques. Ils se traduisent par une augmentation des niveaux de qualification. Il y a plus d'ouvriers et ils sont plus qualifiés. Le salaire moyen à l'échelle de la population est donc supérieur. Les économistes s'accordent à dire que le pouvoir d'achat a augmenté en moyenne de 30% entre le début du siècle et l'année 1930. Dans le même temps, le standard de vie a augmenté, en particulier dans le domaine alimentaire, mais pas que. On mange plus de viande, on se chauffe mieux, on va au cinéma...