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Belle Époque

economie

Prix et salaires pendant les années folles

18 Décembre 2023, 10:00am

Un peu d'histoire...

Les prix sont restés relativement stables de 1900 à 1914, si l'on excepte un accident de parcours en 1911. Si l'on prend comme point de référence un indice 100 en 1900, il est à 115 en 1914, soit approximativement une hausse de 1% par an. La guerre se traduit rapidement par une pénurie dans les villes. Malgré une politique de rationnement et de contrôle de prix, ceux-ci se mettent à dériver : +20% en 1915, +11% en 1916, +20% en 1917 et près de 30% en 1918. En quatre ans les prix ont plus que doublé.
La tendance ne se calme pas dans l'immédiat après-guerre. Dans un pays en reconstruction, l'offre reste durablement inférieure à la demande. Les prix continuent de flamber : +22,6% en 1919, +39,6% en 1920 ! Notre indice 100 est passé à 407 en 1920.

En 1921 et 1922, une politique déflationniste et la perspective des réparations payées par l'Allemagne soutient le franc et contient un temps l'inflation. Les prix amorcent une timide descente (-15% en deux ans). Mais les prix repartent à la hausse dès l'année 1923. L'année 1926 est particulièrement mauvaise, avec +32%. En 1930, si l'on se réfère à l'année 1900, les prix ont été multipliés par 6,8. Par rapport à la fin de la guerre, le facteur multiplicatif est de 2,8.

Le manque de main d’œuvre liée aux pertes humaines pendant la guerre permet cependant de soutenir le pouvoir d'achat des ouvriers. Le salaire horaire d'un ouvrier menuisier était de 0,8 F en 1913. Il est de 6,25 F en 1930. En apparence, l'augmentation du salaire horaire compense largement celle du coup de la vie, mais il faut tenir de la réduction du temps de travail à huit heures qui est effective à partir de 1919 (loi du 23 avril 1919). En pratique, et dans un contexte de pénurie de main d’œuvre, les ouvriers font des heures supplémentaires...
Une analyse plus fine du contexte économique amène cependant à prendre en compte l'industrialisation et les progrès techniques. Ils se traduisent par une augmentation des niveaux de qualification. Il y a plus d'ouvriers et ils sont plus qualifiés. Le salaire moyen à l'échelle de la population est donc supérieur. Les économistes s'accordent à dire que le pouvoir d'achat a augmenté en moyenne de 30% entre le début du siècle et l'année 1930. Dans le même temps, le standard de vie a augmenté, en particulier dans le domaine alimentaire, mais pas que. On mange plus de viande, on se chauffe mieux, on va au cinéma...

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Expansion coloniale

2 Février 2023, 10:00am

Un peu d'histoire...

La France est sortie très affaiblie de la guerre contre la Prusse. Isolée sur le plan international, amputée du très riche bassin minier de la Lorraine, taxée d’un lourd tribut par la Prusse (cinq milliards de francs-or). Elle va mettre longtemps à s’en remettre. Les années 1870 et 1880 sont moroses. L’industrie peine à se développer malgré les commandes auxquelles ont donné lieu les expositions universelles de 1878 et 1889. Il faut dire que les Opportunistes au pouvoir, puis les progressistes, à l’image de Jules Méline, donnent la priorité à l’agriculture. Le monde rural est leur principal soutien électoral.

L’écart se creuse avec l’Allemagne, en pleine expansion démographique et économique. Conscients du risque de décrochement de la France, les hommes politiques du moment misent sur l’expansion coloniale. Et surtout sur les richesses à bon compte qu’on peut en tirer ! Jules Ferry a beau parler de « mission civilisatrice de la France » en Afrique, c’est bien l’exploitation des ressources de l’Afrique qui motive le Groupe colonial (aussi appelé parti colonial) qui réunit des dizaines de parlementaires de tous bords à l’Assemblée nationale.

La première colonisation française remonte au XVIe siècle. Elle a pour objet les Antilles et les Mascareignes dans l’océan indien (laissons de côté le Canada et les comptoirs en Inde abandonnés en cours de route). Elle est relancée en 1830 par le roi Charles X soucieux d’acquérir une certaine popularité en conquérant l’Algérie. Il tablait sur une victoire rapide, il faudra 17 ans pour que les troupes françaises viennent à bout des dernières résistances (capitulation d’Abdelkader en 1847). Dernières résistances… voire ! Des révoltes sporadiques vont continuer de secouer la colonie de manière régulière pendant un siècle.

Cavalier berbère des troupes d'Abdelkader

Charles X déposé, Louis-Philippe se contente de poursuivre l’œuvre de son prédécesseur en Algérie. C’est sous le règne de Napoléon III que la France va se relancer dans l’aventure coloniale. La Nouvelle-Calédonie est annexée en 1853. Puis c’est le tour du Sénégal de passer sous domination française. Le Gabon va suivre en 1862. Madagascar est contraint de signer un traité commercial très avantageux pour la France. En Asie commence la conquête du Cambodge.

La IIIe République a hésité à poursuivre l’entreprise coloniale : elle était tout à fait contraire aux idéaux républicains. Mais comment abandonner l’Empire colonial alors que la France vient d’être amputée de l’Alsace et d’une partie de la Lorraine ? La colonisation reprend de plus belle. Les expéditions se multiplient en Afrique et en Asie. Les rois et roitelets locaux sont soumis par la force, par la ruse ou sont achetés. Il faut se hâter, la concurrence est rude. Le Royaume-Uni s’est aussi lancé dans une politique expansionniste effrénée. L’affaire aurait d’ailleurs pu tourner mal lorsque Français et Anglais se retrouvent face à face à Fachoda, au Soudan (expédition Marchand).

Ce n’est qu’à la fin du XIXe siècle que la colonisation va commencer à rapporter plus qu’elle ne coûte. Compte tenu des frais d’infrastructure, certains historiens soutiennent même que la balance est restée globalement déficitaire. Mais la colonisation a constitué une véritable aubaine pour ceux qui ont investi dans les plantations d’hévéa, de cacao, de café ou de sucre de canne et pour ceux qui ont fourni le matériel nécessaire aux infrastructures !

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