Orage

Un nouveau coup de tonnerre, plus proche que le précédent, se fit entendre. Aussitôt de grosses gouttes se mirent à tomber. On était arrivé au carrefour avec la rue du Retrait. D'autorité, Alexandre l’entraina dans la rue et ils se blottirent sous un porche. Un véritable déluge s'abattit sur eux. La pluie tombait dru. Le tonnerre roulait en continu. En quelques minutes, un véritable torrent dévala la rue de Ménilmontant. Des bourrasques rabattaient violemment la pluie sur eux.

Orage, image propriété de Don Amaro, licence Creative Commons Attribution

Pourtant elle se sentait étrangement bien. Le bas de sa robe était trempé tout comme la chemise d'Alexandre. Il s'était placé de façon à la protéger au mieux de la pluie et elle voyait l'eau qui coulait sur son visage. Elle s'interdisait de penser. Pas même au froid qui faisait frissonner Alexandre.

Lorsque le déluge cessa, lorsque seule l'eau qui s'égouttait du toit continua de tomber à grosses gouttes sur eux, il dit :

- Si vous voulez... je ne voudrais pas que vous vous mépreniez... si vous voulez... j'habite à côté, vous pourriez vous sécher...

Elle acquiesça d'un signe de tête et le suivit comme un automate, grimpant derrière lui les quatre étages d'un immeuble des années 1860. Il la fit pénétrer dans une petite pièce éclairée par une unique fenêtre et disparut dans ce qui devait être un cabinet de toilette. Elle examina la chambre. Un lit, une table, deux chaises cannées, une armoire, un poêle, deux lampes à huile. Un portemanteau auquel étaient accrochées une redingote et une blouse. Des taches d’humidité noircissaient le papier peint défraichi en haut des murs. Des livres. Alexandre sortit du cabinet de toilette. Il avait troqué sa chemise mouillée contre un tricot de corps. Il l’enveloppa dans une grande serviette. Il était si proche…